Montessori vs Ghettossori : la dérive des réseaux sociaux. Mon avis de coach parental
- isabellecataldocoach
- 13 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 avr.

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Ghettoquoi ?
Depuis décembre 2024, sur Tik Tok une trend est apparue : ghettossori. Ghettoquoi ? C’est la fusion entre le terme Montessori et celui de Ghetto. On découvre alors des vidéos de mamans qui assument une éducation qui serait issue du « ghetto », avec tous ces symboles fantasmés de violence et de ségrégation. Et ça donne : « Si mon enfant tombe alors que je l’ai prévu de faire attention, je lui dis : bien fait pour toi », « le matin, je dors, mes enfants font leur vie, ils n’ont pas intérêt de me réveiller, sinon, ils savent à quoi s'attendre », ou encore « quand mes enfants me saoulent, je leur dis que je vais les abandonner ». Si une grande majorité de ces influenceuses font de l’humour, malheureusement le discours est pris au sérieux et revendiqué. En réalité, ces mères répondent à la mode de l’éducation Montessori qu’elles vivent comme culpabilisante.
L'éducation Montessori n'existe pas !
Du côté des influenceuses « Montessori », et j’utilise des guillemets, le discours est également surréaliste : « Si tu ne pratiques pas le cododo, si tu n’allaites pas, si tu ne te cales pas sur le rythme de ton enfant, tu es une mauvaise mère ». Spoiler alerte ! L’éducation Montessori n’existe pas ! Maria Montessori n’a jamais breveté son nom ! Son intention lorsqu’elle a écrit son livre L’Enfant en 1936 était tout autre ! Actuellement, prétendre avoir une éducation Montessori n’est qu’une stratégie commerciale, une volonté d’avoir des vues et de faire parler de soi. Allez ! Je vous explique tout sur la pédagogie Montessori, sur comment trouver la bonne éducation pour son enfant et la dérive ghettossori.
Maria Montessori a écrit son livre L’Enfant en 1936. Elle est italienne et s’est réfugiée en Espagne pour fuir le gouvernement fasciste de Mussolini. 1936, en Espagne, marque aussi le début de la guerre civile. Vous l’aurez compris : une époque si joyeuse et propice à la place de l’enfant dans la société. Je plaisante… Dans son livre, Maria Montessori replace le contexte de l’époque. En ce début de XXe siècle, l’enfant est considéré comme une adulte en miniature, sauf qu’il n’a aucun droit.

L’enfant n’est pas jugé intéressant. D’ailleurs, le mot « enfant » vient du latin « infans » : celui qui ne parle pas. L’enfant est laissé dans un coin et livré à lui-même. Pour rappel, au Moyen-Âge et même plus tard, les jeunes filles étaient mariées à des hommes bien plus âgés qu’elles dès qu’elles avaient leurs règles. Pas de notion de pédophilie vu que l’enfant était un adulte miniature, mais sans aucun droit.
Éduquer par l'imitation
Maria Montessori jette un pavé dans la marre et explique que l’enfant est un être en construction, que faire de l’éducation des enfants une priorité garantira un monde meilleur avec des adultes bien dans leur peau. Elle affirme que l’éducation n’est pas une simple transmission de connaissances, mais issue d'une interaction forte avec l’environnement. Son concept clé est l’esprit absorbant : l’enfant assimile les informations qui l’entourent de façon inconsciente en observant et en imitant. Vous voyez où je veux en venir ? L’enfant est un apprenti adulte : il imite ses parents ! Alors quel parent voulez-vous être ? Quel modèle voulez-vous montrer ?

Parmi ses nombreuses recherches, ce qui fait sûrement le plus polémique aujourd’hui est cette notion de liberté. Nombreuses sont les personnes qui malheureusement voient dans cette liberté du laxisme. Stop ! Donner de la liberté à l’enfant était une question de survie, de respect de son identité et de son corps, puisqu’en 1936, il était un être inférieur. De nos jours, reconnaître de la liberté à l’enfant est juste une question de bon sens. Du bon sens qui ne signifie pas que le parent doit s’effacer face aux besoins de son enfant. D’après Maria Montessori, l’enfant doit pouvoir choisir ses activités selon son rythme et ses intérêts, tout cela dans un cadre structuré, avec des règles précises qui apprennent les responsabilités et l’autodiscipline. Le parent accompagne du mieux qu’il peut et fixe des règles. Bravo, Maria !
Choisir la bienveillance à la maltraitance
Quels sont les meilleurs choix éducatifs pour votre enfant ? Ceux qui font preuve de bienveillance ! C’est aussi simple que ça ! La bienveillance est un concept basique : vouloir le bien-être de son enfant. Ce qui signifie le respecter, prendre soin de lui. Ainsi, si vous dites à votre fils « bien fait » quand il tombe, ne vous étonnez pas qu’il vous rétorque « bien fait » si vous tombez vous-même. Si c’est un trait de caractère que vous revendiquez pour votre enfant, soit ! Allez-y ! Mais ne venez pas vous plaindre ensuite que votre fils n’a aucune empathie et qu’il parle mal. Acceptez le contrat de départ. Ce qui est inacceptable en revanche est la maltraitance. Lorsque des mères ghetthossori affirment distribuer des paires de claques, il faudrait leur rappeler que frapper n’importe quelle personne est punie par la loi. De même, laisser leurs enfants faire tout ce qu’ils veulent pour qu’elles puissent dormir est du laxisme, puni par la loi, également.
À l’opposé, attention au discours dangereux que tiennent ces soi-disant mères Montessori. Ne pas allaiter ne fait pas de vous une mauvaise mère. Pour ma part, je n’ai pas allaité par choix mes garçons. Bébés, ils n'étaient jamais malades, ont depuis toujours un sommeil de plomb et à 12 et 14 ans, j’ai toujours droit à mon câlin du soir. Être parent est déjà suffisamment difficile pour que des prétendues mères parfaites qui nous montrent sur les réseaux ce qu’elles veulent bien nous montrer de leur quotidien merveilleux, nous expliquent que nous devrions être disponibles dans la bonne humeur pour nos enfants 24 h sur 24. Nos enfants, au contraire, ont besoin de savoir que nous sommes humains, faillibles et que nous craquons parfois. Cette attitude leur montrera qu’ils ont eux aussi le droit de se tromper. L’important est de toujours vous poser la question de ce que vous souhaitez transmettre à votre fils ou votre fille.
Pour terminer sur la pédagogie Montessori, je rappelle que Maria Montessori n’a pas breveté son nom et que les vendeurs de matériels Montessori (excepté certains agréés par l’association Maria Montessori) ou les livres revendiquant une certaine éducation Montessori ne sont là que pour faire de l’argent. Retenez de cette chère Maria que l’enfant est un individu en construction et qu’il apprendra de ce que vous lui montrerez de vous par votre comportement et vos valeurs. À vous de jouer !
Bonne aventure parentale, chers parents !
Isabelle Cataldo,
coach professionnelle certifiée, spécialisée en parentalité, adolescence et scolarité. Vous pouvez me contacter pour un coaching privé: isabellecataldo@ic-coaching.fr
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